Mahi Traoré, proviseure engagée, tire la sonnette d’alarme sur le retour manifeste du religieux dans l’éducation nationale. Sa vision, tirée de son expérience dans des établissements divers, met en lumière une réalité inquiétante. Pour elle, cet entrisme religieux remet en question les valeurs républicaines et l’laïcité, un principe fondamental devenu fragile. Traoré souligne l’importance de rester vigilant face à des comportements qui pourraient menacer le fonctionnement normal des écoles et l’épanouissement des élèves.
Pourquoi Mahi Traoré évoque-t-elle un retour du religieux dans l’éducation nationale ?
Mahi Traoré, proviseure du lycée technique et professionnel Lucas-de-Nehou à Paris, ne cache pas son inquiétude face à la montée du religieux dans l’éducation nationale. Les signes de cette évolution se manifestent de manière de plus en plus visible. Les comportements des élèves et la dynamique au sein des classes témoignent d’une influence grandissante des croyances religieuses sur le cadre scolaire. Elle évoque un *changement culturel* qui impacte directement l’apprentissage et le vivre-ensemble au sein des établissements. Ce phénomène n’est pas un simple sujet de discussion ; il constitue une réalité à laquelle les enseignants doivent faire face quotidiennement, créant ainsi un climat scolaire parfois tendu.
Ce retour du religieux se fait sentir à travers des demandes précises de certains élèves et parents, qui cherchent à *imposer* leur vision du monde, souvent en contradiction avec les valeurs républicaines et laïques de l’école. Traoré alerte sur ces nouveaux défis, où l’expression de l’identité religieuse peut parfois prendre le pas sur l’éducation elle-même. Les incidents se multiplient, et l’autorité de l’établissement peut être remise en question par ces nouvelles attentes.
Quels incidents illustrent cette évolution dans les établissements scolaires ?
Les situations vécues par la proviseure ne sont pas isolées. Au quotidien, des étudiants interpellant leurs enseignants sur la laïcité, ou des parents souhaitant négocier les résultats scolaires de leurs enfants sont devenus monnaie courante. Le retour du religieux s’accompagne d’une *exigence* de respect des croyances dans l’enceinte même de l’école, ce qui peut créer des tensions avec des valeurs fondamentales comme l’égalité et le respect des différences. La proviseure raconte des histoires révélatrices, parfois troublantes, sur ces interactions qui révèlent des attentes grandissantes des élèves et des parents.
Dans son livre, elle met en lumière plusieurs incidents emblématiques :
- Des parents qui demandent à réorganiser les conseils de classe pour que leurs enfants soient évalués plus favorablement.
- Des élèves manifestant des refus d’assister à des cours de natation en raison de préoccupations religieuses.
- Des remises en question du contenu des programmes scolaires en lien avec des thèmes sensibles, notamment la laïcité.
Quels risques pour l’école publique ?
Le constat de Mahi Traoré va au-delà des simples anecdotes. Il soulève des *interrogations profondes* sur l’avenir de l’école publique en France. Avec cette montée du religieux, la crainte d’un effritement des valeurs républicaines se renforce. Les débats sur de tels sujets sont de plus en plus polarisés, et les enseignants se retrouvent parfois en première ligne face à des parents ou élèves en désaccord avec les principes de laïcité. La proviseure parle de l’importance d’une réponse collective, tant au niveau des institutions que parmi le personnel éducatif pour faire face à ces enjeux.
La proviseure appelle à une *réflexion collective* sur la manière d’aborder les nouvelles revendications. Elle souligne la nécessité d’une formation et d’une sensibilisation des enseignants aux valeurs de la République, afin de garantir un dialogue constructif et respectueux. Un renforcement des dispositifs de protection de l’autorité éducative pourra également être envisagé pour prévenir des situations d’intimidation ou de désaccord.
Comment Mahi Traoré préconise-t-elle de répondre à ce phénomène ?
Pour Mahi Traoré, la solution réside dans une démarche proactive et éduquée. Elle propose d’engager des discussions ouvertes sur des enjeux comme la laïcité, mais aussi de convertir ces sujets en opportunités pédagogiques. Ainsi, elle envisage de transformer des moments de tension en occasions de *dialogue constructif*, en impliquant les élèves dans des projets autour des valeurs de la République. Elle insiste sur la nécessité d’une éducation continue qui renforce le lien entre l’école et les familles.
Cette évolution pourrait se traduire par l’organisation de séminaires et de *sessions de travail* avec les parents, centrés sur les valeurs de la laïcité et le respect de l’autre. Ces initiatives visent à favoriser une culture de la compréhension et de la tolérance, qui pourrait contribuer à réduire les tensions observées. La proviseure est convaincue que ce dialogue peut aider à rétablir un climat serein et supportable dans les établissements scolaires.
Quelles sont les conséquences sur les élèves et l’enseignement ?
La montée du religieux dans l’éducation nationale n’affecte pas seulement la gestion des établissements, mais également les élèves eux-mêmes. Pour certains, cette réalité est synonyme de ressentiment et de divisions. D’autres, cependant, trouvent là une occasion de questionner leurs croyances et de s’interroger sur leur identité personnelle. Mahi Traoré souhaite mettre en avant l’importance de développer chez chacun des élèves une *esprit critique*, afin d’aborder ces questions de manière éclairée et harmonieuse.
Elle insiste sur l’idée qu’une école laïque doit rester un lieu d’échange, où les élèves apprennent non seulement les matières scolaires, mais aussi à vivre ensemble malgré leurs différences. Ce défi est double : il s’agit de faire que chaque élève se sente respecté tout en garantissant que les valeurs républicaines sont préservées. Pour cette proviseure, l’éducation ne se limite pas à l’acquisition de connaissances, mais engendre également une réflexion sur le vivre-ensemble et la tolérance mutuelle.
La proviseure Mahi Traoré soulève un constat préoccupant concernant le retour du religieux dans le cadre de l’éducation nationale. Elle met en lumière des changements au sein des établissements scolaires qui, autrefois, étaient des espaces laïques. Le port de signes religieux, tel que le voile, a pris de l’ampleur, indiquant une transformation culturelle que beaucoup n’avaient pas anticipée.
Qu’il s’agisse de discussions sur la laïcité ou des demandes croissantes de la part de certaines familles, le quotidien des chefs d’établissement comme Mahi Traoré est marqué par cette nouvelle réalité. Elle s’efforce d’apporter des solutions concrètes en promouvant des valeurs républicaines et en mettant en place des initiatives éducatives pour sensibiliser élèves et professeurs.
Les défis qu’elle rencontre témoignent d’une époque où les pressions extérieures peuvent influer sur la gestion des établissements. En s’attaquant à ces enjeux, elle démontre l’importance d’une éducation ouverte et respectueuse des valeurs fondamentales, tout en gardant en tête l’équilibre nécessaire entre liberté individuelle et cadre scolaire.
